2010 : Don à l’IPH par Gérard Raynaud d’un squelette complet de Rhinocéros laineux

Rhinoceros tochorinus, 100 000 ANS, Sibérie

Long, environ 410 cm ;

PROVENANCE : Ancienne collection française

Exposé au Grand Palais à Paris lors de la manifestation culturelle à but non lucratif "Les Dinosaures du Collectionneurs" Salon du Collectionneur 19/09/2009-20/09/2009

BIBLIOGRAPHIE : Thevenin R. "La faune disparue en France, depuis les origines jusqu’à nos jours". Paris. 1943

Ce rhinocéros à narines cloisonnées ainsi nommé à cause de la forte cloison osseuse du nez qui sert de support à la puissante corne naturelle (seule la petite corne est remplacée par une copie), est plus communément appelé Rhinocéros laineux, du fait du pelage épais qu’il portait. Il a vécu pendant les deux dernières glaciations, le Riss et le Würm et a disparu avec le dernier retrait glaciaire, il y a environ 10 000 ans.

On le trouve dans les gisements fossiles du Pléistocène avec les mammouths et ours des cavernes sur une aire de répartition qui englobe toute l’Eurasie, Il est d’ailleurs superbement représenté au sein des peintures rupestres de la grotte Chauvet, découverte en 1990. Le tout premier spécimen fut trouvé officiellement en 1771 sur la rivière Viloui, affluent de la Lena. Des fragments de peau et les pattes avaient alors été envoyés à Catherine II de Russie pour le Cabinet de Curiosités de Pierre le Grand.

On peut considérer ce squelette autant comme une œuvre d’art naturelle qu’un fossile. Ainsi ce grand squelette de rhinocéros laineux aux cornes monumentales, contemporain du mammouth et de l’ours des cavernes court sur une plage de sable découverte par le reflux de flots imaginaires venant de se retirer. L’animal galopant envoie des gerbes d’eau ou plutôt de cristal de roche à l’aplomb de sa patte avant gauche.

Tout l’univers semble saluer sa puissance. Ce type d’objet était d’ailleurs présent dans l’exposition surréaliste d’objets (et non pas exposition d’objets surréalistes comme se plaisait à le rectifier Breton) organisée en 1936 à la Galerie Charles Ratton à Paris. L’amoureux des Arts redécouvre d’ailleurs avec lui toute l’esthétique de la profanation si cher aux surréalistes. Salvador Dali était particulièrement fasciné par cet animal et sa corne, symbole de puissance, de croyances mystiques et aphrodisiaques pour autant sans fondement aucun, et lui découvrit par ailleurs des vertus de proportions divines. Ceci, à l’instar de nombreux artistes et savants qui au travers des âges le représentèrent tels Durer, Ambroise Paré, Sébastien Munester pour la Cosmographie, Conrad Gessner pour son Livre sur les animaux. Henri II, Roi de France le choisit pour commémorer son entrée dans Paris en élevant une statue de Rhinocéros monumental surmonté d’un obélisque et écrasant un lion. Alexandre de Médias, s’en tînt pour sa part à le faire plus raisonnablement figurer sur ses armes héraldiques. Louis XV céda lui aussi à cette séduction des formes et commanda un portrait monumental de la bête à Jean-Baptiste Oudry, son peintre animalier.

La liste des Grands Hommes qui se sont pris d’intérêt pour le Rhinocéros fut-il en bronze, en pierre, en os, s’étendit encore au XIXe siècle puis au XXe siècle avec l’œuvre "Le Rhinocéros" d’Henri Alfred Jacquemart visible désormais sur le parvis du Musée d’Orsay et le groupe "Rhinocéros attaqué par des tigres" d’Auguste Caïen qui trône dans les Jardins des Tuileries. On pourra citer encore les deux plus importantes statues de bronze fondues au XXe siècle aux États-Unis que sont "Besse et Victoria", deux dames rhinocéros, commande de la fondation Rockefeller à l’artiste américaine Katharine Ward Lane (1899-1989). Ce rhinocéros dans la grande lignée des œuvres précitées prend donc place immanquablement telle une statue équestre sur un monumental socle de bois couleur acajou orné de nombreuses moulures. Excellent état général aussi pour ce squelette reconstitué grâce aux os trouvés dans un lit de fossiles qui forment ainsi une pièce à la présentation vraiment unique. Le socle porte une étiquette en laiton indiquant : "Hommage à Dali". Peut-être s’agit-il d’honorer le surréaliste qui aura été constamment influencé par la forme géométrique du Rhinocéros dans ses œuvres.

http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/28996587

http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/10/05/les-dinosaures-font-recette-chez-sotheby-s_1420765_3244.html