Recherches à Fejej en Ethiopie
L’Institut de Paléontologie Humaine fête trente ans de recherches dans le berceau de l’Humanité
Publié le jeudi 6 octobre 2022 à 13h56min
Historique
La région archéologique de Fejej constitue l’un des plus importants témoignages de l’origine de l’Humanité. Situé dans la région du Sud-Omo dans le Sud-Ouest de Ethiopie, le site a été découvert en 1989 par une équipe éthio-américaine.
La fondation est présente sur les lieux depuis 1992 ; des fouilles commencent sous la direction de l’éminent professeur Henry de Lumley, alors directeur de l’IPH, ancien directeur du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, et découvreur de l’Homme de Tautavel.
En 1992, l’Institut de Paléontologie Humaine, en collaboration avec des chercheurs du Muséum National d’Histoire Naturelle, débute une prospection systématique à la recherche de couches archéologiques en place susceptibles de livrer les témoignages de comportements d’humains d’environ 2 millions d’années.
Le site de Fejej-FJ1 est découvert et plusieurs missions seront consacrées à une fouille systématique de ses niveaux en place, sur 80 m2, bien calés stratigraphiquement sous un tuf daté de 1,96 millions d’années.
Les fouilles du sol d’occupation de Fejej-FJ1 livreront une industrie abondante avec de nombreux remontages, et une faune de grands mammifères permettant de retracer des comportements d’hominines, probablement Homo habilis (trois molaires de l’espèce ont été découvertes non loin, dans des niveaux proches) qui s’étaient installés sur des sables fluviatiles, à proximité des berges d’une rivière, pour tailler des outils et exploiter une carcasse d’impala Aepyceros shungurae probablement récupérée sur une scène de chasse par des carnivores. Les os ont été cassés avec des percuteurs tandis que les Hommes prenaient leurs matières premières dans l’environnement immédiat, mais concentraient un grand nombre de galets à cet endroit après les avoir sélectionnés.
Les fouilles sont organisées en plusieurs périodes, du fait des aléas de la recherche en préhistoire. Après les premières années de fouille dans les années 1990, une importante campagne est organisée entre 2002 et 2005, marquée par la découverte de nombreux fossiles humains. Entre 2005 et 2009, les recherches se concentrent sur l’étude des fossiles et outils retrouvés précédemment. Ces derniers, conservés à Addis Abeba en Éthiopie, sont encore en cours d’étude à ce jour, tant leur valeur scientifique est importante. Ces fouilles ne font que confirmer l’importance de ce site dans les recherches préhistoriques.
Le début de la décennie 2020 marque un renouveau de l’intérêt porté au site de Fejej. Après la pandémie de Covid-19, la nécessité de retourner sur le terrain se fait sentir, et dans les autres projets de l’IPH (Géorgie, Chine, etc.), l’Éthiopie revient sur le devant de la scène. Les études reprennent progressivement : en 2021, le dossier Fejej est ouvert, et les scientifiques se replongent dans les données. La direction du projet est accordée à Anna Echassoux, récemment nommée Directrice Générale de la fondation. Malgré tout, l’IPH ne peut se déplacer en 2022 sur le site, en raison de plusieurs contraintes diplomatiques et scientifiques.
Une monographie a été publiée aux éditions ERC (Éditions recherche sur les civilisations-Ministère des Affaires Etrangères) en 2004.
L’Institut de Paléontologie Humaine a organisé deux importantes missions de terrain, la première en mars-avril 2023, la seconde en aout 2024. Ces deux missions ont été prépondérantes dans l’étude de ce site archéologique : à la sortie du Covid-19, alors que l’ambassade de France en Ethiopie avait refusé le voyage pour l’année précédente, les paléontologues et scientifiques de l’IPH et du Museum National d’Histoire Naturelle ont pu de nouveau accéder au site et reprendre leurs études de terrain.
La coopération scientifique à son plus haut point
L’Institut de Paléontologie Humaine a pu s’entourer d’autres partenaires prestigieux dans cette entreprise : aux côtés des entreprises Lafarge Bétons, Lafarge Granulats et la Fondation Mérieux, généreuse mécène de l’IPH, la fondation est en étroite collaboration avec des acteurs majeurs de la recherche archéologique et préhistorique en France. L’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), avec la présence de M. Xavier Boës, se place aux côtés du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris, représenté par Mme Christine Chapon, de l’Université d’Aix-Marseille, incarnée par François Marchal, et du Musée de Menton. Le projet fait rayonner la coopération française en la matière.
Le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères de la République française a été un partenaire majeur dans ce nouveau projet, de même que l’Ambassade de la République française en Ethiopie et le Centre Français d’Etudes Ethiopiennes (CFEE). Ces derniers ont apporté un soutien logistique et administratif sur le sol éthiopien.
L’Institut de Paléontologie Humaine, fondation scientifique, est aussi fortement lié aux établissements de l’enseignement supérieur. La fondation accueille en effet chaque année les cours d’un Master du Museum National d’Histoire Naturelle, et elle héberge doctorants et postdoctorants spécialisés en préhistoire. La fondation possède de nombreuses conventions de collaboration scientifique avec des établissements de recherche nationaux et étrangers (Dire Dawa en Éthiopie, Institut Margullan au Kazakhstan, Université Normale de Hanjiang à Shiyan en Chine…). Chaque année, des étudiants de l’université de Dire Dawa spécialisés en géologie accompagnent les équipes françaises participent aux opérations.
Les recherches continuent !
En novembre 2025, l’équipe menée par Anna Echassoux, Directrice Générale de l’IPH, se rend de nouveau sur le site pour poursuivre les recherches.



