Collaboration franco-coréenne lancée en 2010

Recherche

L’Institut de paléontologie humaine a établi en concertation avec les partenaires coréens un ambitieux programme de recherche en préhistoire, soutenu financièrement par le Ministère des affaires étrangères en France et Ministère de la science et de la technologie en Corée, via le programme d’action intégrée STAR.

Ainsi, au cours de plusieurs missions d’étude, les spécialistes de l’industrie lithique ont examiné les pierres taillées des sites préhistoriques de Corée, dont beaucoup ont été découverts très récemment à la faveur de travaux d’aménagement, et qui sont conservées dans une dizaine d’institutions à travers le pays. Cette étude d’envergure permettra, à terme, une meilleure connaissance des premiers peuplements humains dans cette partie du monde.

De plus, des datations vont être effectuées en France permettant, pour la première fois, de positionner chronologiquement ces industries dont certaines semblent relever d’une grande ancienneté.

C’est, d’autre part, l’une des découvertes les plus exceptionnelles réalisée en Corée, il y a pourtant plus de 20 ans, qui fait l’objet d’une investigation fine. Il s’agit de la sépulture d’un jeune enfant mise au jour dans les collines calcaires de Durubong, à proximité de la ville de Cheongju.

Prélevé en bloc lors de sa découverte, le spécimen était présenté, sans précaution particulière, dans les vitrines du Chungbuk national university museum. Une sépulture est un vestige exceptionnel, rare à travers le monde, d’autant plus en Corée du sud où très peu de restes humains ont été mis au jour jusqu’à présent. Afin de figer cette découverte dans son état originel, un moulage a été effectué. Cette opération, ainsi que la fouille archéologique qui a suivi, répondait à un besoin urgent en terme de conservation.

Elle a été l’occasion d’une nouvelle étude particulièrement pluridisciplinaire, puisque faisant intervenir les méthodes et concepts tant de l’anthropologie que de la taphonomie ou de la sédimentologie, dans le but d’identifier les caractéristiques biologiques du jeune individu inhumé et les gestes funéraires dont il a fait l’objet. Les analyses permettront de le dater et de prouver la présence ou non d’une fosse préalable à son inhumation, d’un linceul ou d’un dépôt de fleurs.

Enfin, l’étude anthropologique précisera les nombreuses pathologies déjà identifiées (caries dentaires, malformations osseuses) tandis que l’analyse parasitologique du sédiment prélevé in situ permettra peut-être d’identifier la cause du décès.

Finalement, les analyses réalisées au Carbone 14 par le C2RMF ont révélés l’appartenance de ce jeune individu à une période historique récente, (17, 19ème siècle ap. J-C.)


Voir l’ouvrage : Les industries lithiques du paléolithique ancien de Corée du Sud.


Il y a 350 000 ans... les premiers hommes de Corée

Conférence
Centre culturel français

Vendredi 29 octobre 2010 à 11h30

Professeur Henry de LUMLEY, Institut de Paléontologie Humaine, Paris, France
Professeur Ki-Dong BAE, Hanyang Université, Séoul, Corée
Anne-Elisabeth LEBATARD, CEREGE, Aix-en-Provence, France

Beaucoup de découvertes préhistoriques ont été réalisées, durant ces 10 dernières années en Corée, grâce aux nombreux travaux d’aménagement entrepris sur le territoire impliquant une intense activité de fouilles archéologiques, dirigées en coopération avec les universitaires spécialistes de la préhistoire.

Pour les périodes anciennes, ce sont surtout les outils de pierre qui ont été mis au jour en grand nombre. À l’inverse, peu de fossiles sont préservés du fait de l’acidité des sols, peu propice à leur conservation. Dans ce contexte, l’attribution chronologique des sites s’avère difficile et laissait à penser, jusqu’à présent, à un peuplement relativement récent de la Corée en comparaison avec les autres pays de l’Eurasie. L’homme, qui sort d’Afrique à 1,8 Ma (million d’années), est, en effet, présent en Europe occidentale comme en Asie continentale dés 1,2 Ma et beaucoup plus tard à son extrémité orientale.

L’application d’une nouvelle technique de datation, dite des isotopes cosmogéniques 10Be-26Al, sur le site de Mansu-ri, présentant une longue séquence haute de 11m, apporte des résultats inédits. L’âge minimum des niveaux les plus anciens est estimé entre 350 et 250 000 ans, ce qui est nettement plus vieux que les dates obtenues par d’autres méthodes.

Les outils fabriqués par l’homme préhistorique à cette époque sont surtout des objets façonnés, souvent assez massifs : bolas, polyèdres, bifaces... Ils vont perdurer jusqu’à l’apparition d’une nouvelle gamme technologique propre aux Homo sapiens qui sont présents en Corée vers 35 000 ans. Cette stabilité dans la production lithique, peut être liée à un phénomène d’isolement géographique, semble une caractéristique forte du Paléolithique ancien de la Corée.

Ces recherches ont été réalisées dans le cadre du programme d’échange franco-coréen Hubert Curien STAR, en 2005-2006 et 2009-2010, financé par le Ministère des Affaires étrangères et européennes en France et le Ministère de la Science et de la Technologie en Corée.

L’ensemble de ce travail de recherche, effectué en collaboration franco-coréenne, sera publié prochainement sous la forme d’un livre intitulé « Les industries lithiques du Paléolithique ancien de la Corée du Sud ».

En savoir plus sur nos activités en Corée :

livre en vente : Les industries du paléolithique ancien de Corée du Sud dans leur contexte...

Sur notre site, consulter :

L’I.P.H à l’exposition de Yeosu

Visite de S.A.S le Prince Albert II de Monaco au musée de Préhistoire de Jeongok-ri